La Saintélyon bénéficie d’une aura toute particulière ; un impressionnant départ de nuit, souvent dans des conditions dantesques, une attente de plusieurs heures pour le départ, couchés à même le sol d’une salle de sport bondée de milliers de traileurs.
Samedi , vers 15h, les dossards sont récupérés dans un conséquent salon du trail, pour filer dans la navette qui nous déposera à Saint Etienne.
L’heure du départ est fixée à 23h45.
Laurent, déjà rodé sur l’exercice, avec une première participation l’année dernière, a prévu tout le matériel pour l’attente dans la salle des expositions de saint Étienne . Des copains nous rejoignent . Nous traînons sur le sol de longues heures, et contrairement à ce que cela pourrait laisser penser, cet avant course est un moment plutôt agréable.
Nous disposons d’un bracelet « performance », qui nous permet de passer dans le deuxième sas derrière les élites et d’éviter ainsi jusqu’à une heure d’attente dans le froid pour les sas suivants . Accéder au sas ne fut pas simple , mais nous sommes enfin aux premières loges .
Le départ pour Lyon via les crêtes du lyonnais se fait sous une petite bruine qui se transformera en pluie sur une partie du parcours. Le brouillard est dense et sera constant tout au long de la course. C’est le pire scénario pour mes bronches déjà en petite forme .
Nous prenons un départ tranquille , et nous perdons de vue tout aussitôt. La foule des traileurs est dense.
On rattrape de courageux coureurs qui font la Lyonsaintélyon, soit 156 km en deux étapes. L’organisation laissait à désirer pour eux, qui ont dû patienter plusieurs heures sans lit pour les accueillir à saint Étienne, avec leur retour vers Lyon .
Tout au long de la course, nous sommes suivis d’un linéaire scintillant de frontales. C’est à la fois très beau ; et rassurant : nous en sommes pas les derniers .
Le parcours mélange petites portions de macadam et secteurs trail. Je suis surprise de la proportions assez conséquente de bitume sur cette course : 35 %. Les sections natures en campagne et sous bois sont très boueuses. Quelques malheureux coureurs ont envisagé un départ sans chaussure de trail , mal leur en a pris . Même avec de bonnes accroches, le parcours se rapproche du patinage artistique à certains endroits .
Les sentes sont étroites parfois, et les coureurs nombreux . Il faut se faufiler et s’adapter au rythme des traileurs devant nous . Le déroulé me semble assez monotone .
Les premiers ravitaillements, extérieurs, ne donnent pas envie de s'éterniser . Il y en aura 5 en tout. Des bus navette pour les abandons sont garés en sortie du ravito de Sainte Catherine à 33 km. Cela teste notre motivation à cette heure de la nuit, avec un brouillard qui ne se lève pas et dans un froid qui glace les os .
A partir du cinquantième kilomètre, je joue au yoyo avec quelques amis que je retrouve puis perd…. , et ainsi de suite jusqu’au bout .
Pour Laurent et moi, l’arrivée se fait en fin de matinée le dimanche , après une dizaine de kilomètres de bitume peu attrayants ; mais acclamés sous une belle arche. S’ensuivent un petit bilan des bronches dans la zone de secours pour moi , puis un repas frugal et une douche collective (mais non mixte quand même ) qui participera sûrement au folklore de cette course.
Nous avons tous deux un peu subi notre course, mais ce sont les aléas du trail .
Nous nous accordons pour dire que notre préférence va à des course plus « intimistes », celles durant lesquelles on est heureux de croiser un malheureux traileurs perdu dans les bois sombres aux pires heures de la nuit, et avec lequel il est vital de taper la discute et de partager un bout de filet mignon.
Ici , la foule crée une ambiance peu propice à la discussion, le partage et la solidarité ne semblent pas être le mot d’ordre . Est-ce la météo exécrable, le petit état de forme, ou autre qui donne ce ressenti ?
Une course pour moi un peu surcotée, mais à refaire pour confirmer ou non cette impression.